Ange est un petit garçon étrange. À dix ans, il ne sait ni lire, ni parler. Comme si l’aridité des mots l’avait poussé à se réfugier dans les bras grands ouverts de l’image.
Son arrivée en neurologie pour une ultime consultation emplit le docteur Sollow d’espoir. Et si Ange était l’atout qu’il attendait pour relancer EXPÉRON, cet ambitieux projet de recherche qui lui tient tant à cœur ?
Très vite le garçonnet l’accapare, l’obsède.
À tel point que Sollow en oublie l’autre, l’enfant que sa femme, Annabel, désire plus que tout au monde. Elle a pourtant trente-huit ans, l’âge où le temps presse. Que se passera-t-il si elle n’obtient pas le diplôme l’autorisant à procréer ?
À cette question-là, le brillant chercheur donne une bien mauvaise réponse…
Premier roman de Hélène Cruciani, ce récit s'inscrit dans une SF "douce", c'est à dire accessible pour ceux qui comme moi sont plus portés sur le fantastique et le merveilleux (au sens large) que sur la science (mot grossier) fiction... Un peu à la manière du Meilleur des mondes, il peint un monde où la sélection génétique est de mise, où les bébés sont programmés, les cerveaux aussi - mine de rien... Jusqu'où peut-on aller dans la recherche génétique ? Et quand éthique et science se confondent ? ce sont deux thèmes qui sont évidemment esentiels dans Expéron, mais pour tout dire, ce ne sont pas ceux qui m'ont le plus captivée. Non que cela ne soit pas bien décrit, mais c'est simplement que j'ai un tantinet trop travaillé dessus à la fac. Ce qui m'a vraiment vraiment intéressée, ce sont les différents personnages et leurs préoccupations. Hélène Cruciani campe plusieurs protagonistes qui m'ont, à différents degrés, profondément intriguée ou intéressés : Annabel, d'abord. La femme de Sollow. Envahie par un désir d'enfant au point d'en devenir pathologiquement obsessionnelle - comme c'est quelque chose que je ne connais absolument pas, j'ai lu avec beaucoup d'attention, une attention très scientifique d'une certaine manière, l'histoire de ses souffrances et de ses désirs. Jessica ensuite. Assez caricaturale au départ, mais parce que pas assez fouillée (personnage secondaire), c'est une jeune femme à qui on impose de correspondre à une norme "être une vraie femme c'est avoir un enfant" et évidemment, cette obligation l'étouffe, la mine - il y a un passage chez le psychanayste qui est assez édifiant à ce propos. Elle s'épanouira à partir du moment où elle comprendra que sa vie, ce n'est pas "correspondre aux attentes de la société" mais être elle-même. Enfin, le savant, Sollow, obsédé par ses rechrches et par le gamin qu'il adopte - c'est assez marrant la manière dont il justifie son attachement à Ange par des néobulosités scientifiques - et complètement étranger aux préocupations de son épouse, m'a également paru très attachant.
Le seul défaut de ce premier roman, à mon sens, c'est paradoxalement les réactions de certaisn personnages, et la fin très "happy end" à l'américaine, mais ça doit être mon côté cynique qui prend le dessus.