Bon, sur le coup, il va me falloir un préambule. Sachez, très chers amis, que votre serviteur, de ses 12 à ses 22 ans, s'est gavé de gore en tout genre. Fan éternel de Brain Dead et consorts moins marrants, c'est un inconditionnel de Massacre à la Tronçonneuse qui vous parle...
... avec une certaine candeur je me suis demandé ce que le cinéma d'horreur/gore proposait à sa clientèle, depuis un certain temps. Sur les conseils d'un type qui se dit "amazon" je me tourne vers cette histoire de colline; il faut dire que le propos est alléchant.
Une famille paumée au milieu d'un désert ravagé par des essais nucléaires, des dégénérés locaux, eux-mêmes atteints de difformités diverses et variées, levez le rideau, ça va saigner. Bon, bah allons-y, alors...
Première étape, le générique, plutôt pas mal fait, voir accrocheur. Anecdotique par la suite, j'en ai bien peur. Ensuite, le décor à planter; la joulie famille, le traquenard qui se referme inexorablement, ça se sent à trois lieues à la ronde... Mais déjà une petite gêne qui taraude le spectateur, sans qu'il puisse tout de go l'identifier... Puis le début des problèmes, encore pas trop sanguinolent, mais racoleur. Ca ne gicle pas tout à fait, mais ça annonce de joyeuses heures de carnage. Puis - aaaaah - le massacre nocturne.
Et c'est là que le spectateur est pris au piège. Piège sordide, dissimulé depuis les premières minutes du film: ce n'est pas un cinéma d'horreur, c'est une caméra de malheur, qui ne se prend pas de fard, bien au contraire, elle se veut réaliste (hormis les effets spéciaux consacrés à un bûcher, franchement risibles). Et réaliste, elle l'est: trop. Ce n'est pas tant le sang - merci bien, j'ai déjà donné -, mais les outrages à répétition, accompagnés de plans racoleurs, toujours sous une lumière ultra réaliste et crue. La façon dont se dissèque cette scène, objectif braqué sur les agressions, intimes ou plus "chirurgicales", le jeu d'acteur (que je me dois, beurk, hélas obligé de féliciter), distille un malaise qui confine ensuite au vomissement...
Et c'est là que votre serviteur, en plus de ce spectacle atroce aux prises avec une crise d'angoisse, s'est levé, blême, s'est saisi du DVD et l'a brisé. On en sera quitte pour une plaienounet à l'index gauche. Là se pose une vraie question, sensible et qui, je l'espère, fera débat mais pas remous: peut-on se permettre de qualifier ce film, bah, de film, justement?
Quand la violence graphique ne se plaît plus à être graphique, mais en trompe- l'oeil, à se complaire dans le "real-life", où en sommes-nous?
Et, bon dieu, pourquoi ce film n'est interdit qu'aux moins de 16 ans?
Suis-je une fiotte?
Des "Saw", "Hostel" et autres pouvaient se targuer de laisser un écran entre le spectateur et les sévices, sexuels ou non, là, que nenni, que dalle, rien. Jusqu'où se porte l'art, dans ce cas, si ce n'est dans les tréfonds d'un
salvateur?
Là où le propos d'un "Requiem for a Dream" touchait une corde sensible, "La colline a des yeux" se targue - à juste titre - de mutiler le pauvre spectateur...
Y a-t-il des gens capables de
consommer une telle horreur?
Vous comprendrez, je l'espère, mon propos, parce que là, au moment où je l'écris, je regrette mes bonnes vieilles "Griffes de la nuit", et j'ai encore l'esprit bien encombré de ce malaise...